Le 25 janvier, le collège échevinal de la Ville de Luxembourg a proposé au conseil communal de reprendre une partie des actions qu’E.ON et RWE vendent pour des raisons financières. Le prix de vente de ce lot d’actions a dû rester secret, pour éviter d’influer sur le cours des actions d’E.ON et de RWE. Ainsi, la décision au conseil communal de la Ville fut prise à huis clos. Cela montre à nouveau l’influence négative que les marchés financiers exercent sur deux principes fondamentaux de la démocratie : la transparence et l’information des citoyens au sujet de l’administration des deniers publics. Ces deux principes ont été négligés ici.
Alors que l’augmentation de la participation de la Ville de 8% à 15,61% dans la société privée ENOVOS International S.A. paraît à première vue positive, les deux conseillers déi Lénk se sont abstenus lors du vote.
En effet, à une époque où la Ville devrait s’engager de manière résolue en faveur de logements à coût abordable, cette nouvelle participation implique une dépense très importante.. Et cela pour que la Ville obtienne à nouveau plus d’influence sur sa gestion énergétique, qu’elle contrôlait de toute façon à 100% avant la privatisation de 2010 !
Aucune alternative parmi celles proposées notamment en 2002 déjà par Janine Frisch, conseillère à l’époque de déi Lénk au conseil communal de la Ville n’avait été examinée sérieusement. Tous les jalons avaient été posés exclusivement en direction de la privatisation.
Le départ d’E.ON et de RWE rend à présent caduc l’argument majeur mis en avant lors de la privatisation, prétendant qu’il faudrait s’organiser au niveau régional et s’allier avec des partenaires industriels forts au-delà des frontières nationales, pour pouvoir acheter l’électricité et le gaz à des prix favorables.
La ville d’Esch-sur-Alzette et les communes du Sud du pays ont agi tout différemment. Elles n’ont pas privatisé leurs réseaux énergétiques et leur personnel et ne se sont pas alliées avec de grands fournisseurs d’énergie. Pourtant, leurs sociétés Südstroum et Sudgaz, tout en pratiquant une politique énergétique sociale et écologique, réalisent des bénéfices de l’ordre de plusieurs millions d’Euros, qui refluent intégralement vers les caisses communales. Parallèlement, l’Institut Luxembourgeois de Régulation note dans son rapport de novembre 2015 : « il n’existe pas de très grandes différences de prix entre les différents produits des fournisseurs d’électricité et de gaz naturel ».
Compte tenu de tous ces faits, les deux conseillers déi Lénk auraient préféré discuter l’alternative d’une véritable recommunalisation des réseaux énergétiques de la Ville – à l’instar de ce que font de nombreuses autres villes à l’étranger- au lieu d’investir une nouvelle fois massivement dans le capital d’ENOVOS S.A, dont les bénéfices sont aussi distribués à des investisseurs privés.
Etant donné que le conseil communal de la Ville a accepté majoritairement la proposition du collège échevinal, déi Lénk insisteront pour que la Ville – ensemble avec les autres acteurs publics, devenus largement majoritaires – mette en valeur son influence renforcée dans l’intérêt de ses citoyens. Et cela au niveau des politiques d’information, financière, écologique et sociale !
Luxembourg, le 26 janvier 2016 Communiqué par déi Lénk Stad