Contournement de Bascharage – Observations et objections.

éi Lénk Gemeng Suessem hunn en Avis mat Awänn géint de geplangte Contournement vu Käerjéng ofginn. Dësen Avis kënnt mat all den anere Stellungnahmen vun Awunner an Organisatiounen aus der Gemeng an d’Prozedur a muss vum Schäfferot considéréiert ginn. Den 28. Juni ass eng Reunioun op däer de Schäfferot d’Meenunge vun de Leit héiere soll.

Dans le cadre de l’avis au public du Ministère du Développement durable et des Infrastructures, nous présentons ci-après nos observations et  objections.

Les faits

1) Il n’est pas contesté, et l’étude officielle en donne de nombreux exemples, que le contournement, quelle que soit sa variante, détruira en partie non seulement une zone NATURA 2000, mais également d’autres parties destinées à la récréation et à la détente  des habitants des communes de Bascharage et de Sanem (piste cyclable, auto-pédestre dans massif forestier, zone naturelle), constituant de par leur situation un bien public d’une valeur inestimable au vu du démembrement par ailleurs croissant du paysage par l’urbanisation et les zones d’activités.

2) Le Ministre des Transports, M. François Bausch, a reconnu lors de la présentation publique du projet «contournement de Bascharage» le 25 avril 2016 à Soleuvre que ce contournement ne constituerait pas une solution pour les problèmes de trafic.

Car ces problèmes ne concernent évidemment pas seulement la route de Luxembourg à Bascharage.

Il y a 3 voies principales pour la circulation professionnelle, en partie frontalière, traversant le sud-ouest en direction de Luxembourg :

– la route de Luxembourg à Bascharage (N5);

– l’axe par Limpach-Reckange qui passe par la commune de Sanem et qui impacte à Sanem la rue de Niederkorn (CR 175) et la rue d’Esch (CR110) et une partie de Soleuvre ;

– l’A13 (collectrice du sud) débouchant sur l’A4 Esch-Luxembourg, qui était destinée, à son ouverture, à devenir la voie principale vers la capitale et qui est actuellement encombrée déjà tôt le matin.

Le problème du trafic vers Luxembourg, donnant lieu à un niveau important d’émissions de NO2 et de bruit à Bascharage comme à Sanem, existe surtout le matin et le soir aux heures de pointe.

Le contournement ne délesterait pas les autres axes ni d’ailleurs le 1er axe, au contraire risquerait même de les charger davantage. Il déboucherait probablement sur de nouveaux embouteillages vers Dippach. Et, dans l’autre sens, le trafic du contournement se déverserait le soir dans la collectrice du sud à hauteur de Sanem, à un endroit où, déjà actuellement, il y a des embouteillages fréquents à hauteur du carrefour Biff. Le trafic ne serait donc que déplacé, notamment vers les rues de Niederkorn et d’Esch à Sanem, mais l’étude présentée n’en tient aucun compte.

3) M. le Ministre Bausch a également reconnu lors de la présentation que le projet d’implantation d’une réserve pétrolière située à côté du contournement, à proximité de la gare de Bascharage, ne constituerait pas une raison suffisante à l’appui de la construction de cette nouvelle voie routière et que la nécessité de ce projet pétrolier ne serait pas encore entièrement établie au vu de l’évolution de la question énergétique.

Il aurait été difficile de justifier la construction du contournement par la nécessité d’avoir à cet endroit un dépôt pétrolier, d’autres sites existant et cet endroit étant le seul qui non seulement traverserait une zone écologique de première importance, mais nécessiterait la construction d’une route d’accès coûtant, selon la variante choisie, au minimum entre 60 et 90 millions d’euros, sans les mesures compensatoires additionnelles. Des raisons économiques ne peuvent par ailleurs pas l’emporter sur les critères écologiques, selon la directive « Habitat ».

Mais il n’y a nul doute qu’une fois construit et la zone naturelle irrémédiablement détruite, ce contournement pourrait servir à l’agrandissement de la zone industrielle sur le territoire de la commune de Bascharage et pourrait facilement aussi y accueillir un dépôt pétrolier …

4) En fait, pour des raisons juridiques tenant à cette directive européenne, l’argumentation principale, sinon uniquedes promoteurs de ce projet (Ponts et Chaussées) se base sur la valeur annuelle moyenne du dioxide d’azote NO2 au centre de Bascharage qui serait de 45 ug/m3 en 2020 (valeur limite: 40, valeur estimée après contournement: 30-33, donc encore importante). Aucune mesure de NO2 n’a été prélevée sur les autres axes de circulation à Sanem et Soleuvre car le contournement ne changerait rien à cette situation probablement tout aussi préoccupante.

La base légale

Lors de la présentation, M. le Ministre disait vouloir donner au projet une base légale solide.

La matière est régie quant au fond principalement par la loi modifiée sur la protection de la nature du 19.1.2004, basée sur la directive « Habitat », qui retient dans son article 12 notamment que si, malgré des « incidences sur la zone protégée » (ici reconnues par les Ponts et Chaussées), un plan ou projet doit néanmoins être réalisé, cela ne peut être le cas qu’ «en l’absence de solutions alternatives » et « pour des raisons impératives d’intérêt public majeur ».

Il existe des solutions alternatives et nous mettons sérieusement en doute l’existence d’un intérêt public majeur à construire le contournement de Bascharage.

A) Comme l’argument principal pour le contournement est l’émission de NO2 dépassant des normes européennes dans la traversée de Bascharage, il faut citer l’avis du 17 janvier 2016 du département du territoire :

« La valeur élevée en NO2 a été mesurée près du feu rouge au centre de Bascharage ; les valeurs à la sortie de Bascharage (rond-point Biff et direction Dippach) se situent largement en-dessous  des valeurs limites. Il se pose donc la question, si une amélioration du carrefour CR110 et N5 (p.ex.rond-point provisoire) au centre de Bascharage ne pourrait pas être envisagée à court terme afin de réduire les valeurs en NO2 jusqu’à construction éventuelle d’un contournement. »

Il faut dire que cette alternative de rond-point n’a pas été analysée dans la « variante 0 », tout comme n’ont pas été analysées d’autres possibilités d’aménagement de la traversée de Bascharage.  Comme si les Ponts et Chaussées ne voulaient pas régler un problème local, mais réaliser leur vieux projet d’un « contournement de Bascharage/Dippach  (E44-N5) ». Celui-ci date de plus de 40 ans, avant la construction de la collectrice du sud A13 et même de l’autoroute A4  Esch-Luxembourg (!), et n’est actuellement plus réalisable à travers une zone écologique sans un intérêt majeur notamment de santé publique…

B) Comment peut-on parler d’intérêt public impératif et majeur de santé pour les seuls habitants d’un  tronçon de rue si le contournement ne réduit pas les nuisances, mais au contraire risque encore de les aggraver pour les autres parties de la population touchées par le même problème régional, alimenté par le même trafic professionnel?

Ainsi, la variante 1, passant par Sanem, de l’avis même du département de l’aménagement du territoire « accentuerait l’effet d’encerclement » de cette localité, restant gravement touchée par le trafic professionnel après construction du contournement, soumise aux émissions et au bruit non seulement de l’autoroute et des rues de Niederkorn et d’Esch, mais alors aussi du nouveau contournement.

La variante 2 détruirait la forêt et la zone de récréation de part et d’autre pour les habitants des deux communes tout en causant du bruit et des émissions.

La variante 3 apporterait une diminution de qualité de vie surtout pour les habitants de Bascharage.

Toutes les variantes toucheraient en plus la population et la zone naturelle par de nombreuses nuisances au point de départ (surélevé par rapport à la Cité Tornaco) et au point de sortie, identiques pour les 3 variantes, et n’auraient même pas un accès direct à la gare de Bascharage-Sanem. Le contournement fait fi aussi de l’intérêt commun des populations de Bascharage et de Sanem d’avoir une zone de récréation libre de toute circulation automobile et un couloir vert entre les différents axes, ce qui est d’ailleurs un objectif reconnu de planification territoriale.

La construction d’un contournement serait la réponse disproportionnée et génératrice de nouvelles nuisances à un problème qui peut connaître d’autres solutions plus adaptées et plus durables, dans l’intérêt de tous. La construction d’un contournement ne réglerait aucun problème, même pas à court terme, et même pas pour les habitants de la rue de Luxembourg à Bascharage qui seront impactés notamment par de nouveaux projets locaux augmentant à nouveau la circulation…

C) Des solutions alternatives, locales et régionales, au trafic occasionné par le transport individuel par voiture pour se rendre au travail sont entrain d’être réalisées ou existent en partie, notamment :

– ouverture de la nouvelle ligne ferroviaire à double voie performante entre Longwy, Athus et Luxembourg, offrant actuellement déjà aux heures de pointe 4 liaisons horaires de 14 à 17 minutes vers la gare centrale de Luxembourg, avec son actuel réseau étendu de bus ; il faudra compter aussi avec l’effet des nouveaux projets ferroviaires (ajout de 2 nouveaux quais à la gare centrale ; arrêts Roud Bréck et Howald ;mise en service du tram ; nouveaux arrêts possibles à Belvaux) et d’un nouveau réseau d’autobus desservant la périphérie de Luxembourg; même si l’étude de trafic, basée sur des comptages de circulation de 2012,  dit en tenir compte en partie, les méthodes de simulation afférentes ne sont pas publiques et donc pas vérifiables;

– l’étude ne tient compte ni des négociations d’harmonisation des prix du transport public transfrontalier ni de la nécessaire amélioration des liaisons de bus (shuttles ?) vers les gares existantes ;

– l’étude ne tient pas compte des travaux effectués sur l’autoroute A13 à la sortie Soleuvre et de l’aménagement d’une piste en direction de la sortie vers l’A4; ni de la possibilité de contribuer à l’augmentation de la fluidité (comme à une réduction importante du bruit et des émissions) par une vitesse maximale de 90 km/h, contrôlée jour et nuit par des radars, sur la partie de l’A13 entre Biff et Esch/Alzette (vitesse longtemps en vigueur avant d’être augmentée à 110 km/heure) ; il s’agit d’augmenter la capacité d’absorption de l’autoroute par rapport aux routes nationales ;

– l’étude des Ponts et Chaussées ne tient aucun compte des possibilités de réduction et de contrôle de vitesse également sur la N5, le CR 110 et le CR 175, pouvant largement contribuer à une réduction des émissions et du bruit et donc à une réduction des problèmes de santé sur tous les axes touchés par le trafic de passage; ces possibilités sont en général favorisées par le Ministère de l’Aménagement du territoire et des Infrastructures

– et finalement l’étude ne tient aucun compte de la tendance à moyen et à long terme, après 2020, à des voitures encore beaucoup moins polluantes voire électriques, ainsi que du développement rapide du transport de marchandises par train.

Ensemble avec l’agrandissement annoncé des P&R, notamment aux gares de Rodange et Sanem, sera ainsi dévié à l’avenir un trafic important vers les transports publics et l’autoroute en direction de Luxembourg, de sorte que des alternatives au projet de contournement existent qui ne sont pas ou seulement incomplètement prises en compte par l’étude commanditée par le gouvernement.

***

En réalité, des raisons impératives d’intérêt public majeur ne plaident nullement en faveur de la construction de ce contournement inefficace, mais plaident au contraire en faveur d’une réalisation rapide de solutions alternatives qui existent (aussi pour la route de Luxembourg à Bascharage).

Patrizia Arendt, conseillère communale, 68, rue de Niederkorn

Steve Biver, membre de la commission de l’environnement, 38, rue d’Esch

Serge Urbany, ancien député, 68, rue de Niederkorn

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