À l’occasion des débats sur le budget 2017 de la commune de Dudelange le 23 décembre 2016, Jos Thill, le conseiller de déi Lénk, a introduit une
Motion en vue d’un plan d’investissement communal visant la construction de 500 logements locatifs sous la régie de la Ville de Dudelange.
Point de départ de l’analyse de déi Lénk : dans notre pays, de plus en plus de gens ont des difficultés à se trouver un logement à un prix abordable.
À Dudelange, actuellement, les loyers se situent aux alentours de 17 à 23 € le m² , ce qui conduit, pour un appartement de 40 à 50 m², à un loyer – charges comprises – de 1.200 à 1.300 € par mois, soit les 2/3 du salaire social minimum (1.950 € par mois à partir du 1er janvier 2017); or, les dépenses pour se loger ne devraient pas dépasser 1/3 du revenu net; ces loyers sont donc nettement trop élevés, notamment pour les 46.000 salariés travaillant au Luxembourg qui ne gagnent pas plus que le salaire minimum.
La situation est tout aussi difficile en ce qui concerne l’achat de logements : dans le lotissement “Lenkeschléi” (dernier projet, voté en juillet 2016), ce ne sont pas les gens à la recherche d’une habitation qui vont acquérir les deux premiers logements dits “à coût modéré”, mais la commune ! Ces logements soi-disant “à coût modéré” (prix de vente : la “bagatelle” de 3.960 € par m² !) sont tout simplement trop chers pour les bénéficiaires potentiels.
La politique du logement ne relève pas uniquement de la compétence du Gouvernement, mais également de la responsabilité de chaque commune, et nos édiles communaux feraient bien de s’inspirer des “success stories” à l’étranger, notamment de celle de Vienne, capitale de l’Autriche.
La ville de Vienne mène depuis des années une politique extrêmement active de construction sous sa régie de logements de haute qualité, à tel point que la ville de Vienne est aujourd’hui propriétaire de 220.000 logements locatifs pour 1,7 millions d’habitants; si la commune de Dudelange menait une politique aussi engagée pour ses 20.450 habitants, elle devrait donc faire construire 2.650 logements locatifs ! (NB : pour le moment, Dudelange en possède 37 !)
Pour cette raison, Jos Thill a présenté au conseil communal non seulement une motion, mais également un tableau de calcul des conséquences financières sur 30 ans pour le budget communal d’un plan d’investissement portant sur 161 millions d’euros pour la construction de 500 logements à mettre en location (500 : cette quantité permettrait tout juste d’éponger le déficit actuel en habitations – d’après les estimations de la Chambre immobilière et de la Caritas – pour une ville de la taille de Dudelange). Conclusion : Un tel plan d’investissement est tout à fait réalisable : les prêts que la ville serait obligée de contracter conduiraient un taux d’endettement maximal de 13 % (limite légale : 20 %) des dépenses ordinaires; vu les subsides accordés par l’État pour la construction de logements locatifs (75 % du prix du terrain et 75 % des coûts de construction), ces prêts pourraient être remboursés en 20 ans en encaissant des loyers de seulement 6 € par m², soit un quart de ce qui se pratique actuellement à Dudelange.
Tous les autres partis présents au conseil communal ont admis que le constat sur la situation actuelle présenté par déi Lénk correspond à la réalité; malgré cela, ils ont qualifié “d’irréaliste, de fantaisiste, …” le plan d’investissement proposé, tout en refusant la proposition faite par Jos Thill d’examiner en détail le tableau de calcul présenté lors d’une prochaine réunion de la Commission consultative “Finances, Budget et Economie”, examen qui aurait bien sûr établi la pertinence des calculs présentés.
Dudelange restera donc une ville où soit il faut hériter d’une habitation, soit avoir des revenus élevés pour se permettre d’y habiter.
(lien vers la motion plan d’investissement logements locatifs)