Le Plan pluriannuel est cette année accompagné des résultats d’un audit des infrastructures scolaires, parascolaires et sportives de la Ville.

Cet audit fournit des résultats et surtout des estimations difficiles à évaluer correctement et il aboutit à des conclusions troublantes.

(-) Pour les enfants appelés à fréquenter les écoles fondamentales dans les 5 à 15 ans à venir, il y a d’importantes divergences entre les estimations appelées “théoriques” d’une part et “réalistes” d’autre part, ainsi qu’entre les prévisions pour 2020 et 2030 pour les différents quartiers. Pour certains projets, l’audit préconise une nouvelle analyse avant planification. De manière générale, on ne peut pas planifier en appliquant la règle consistant à remplir chaque salle de classe avec 20 élèves et écrire ensuite que “ certains projets risquent donc de dépasser largement les besoins réels”. Il faut au contraire prévoir suffisamment de salles en tenant compte des variations par année et par quartier.

(-) Il y a aussi des différences importantes au niveau des foyers scolaires, entre la “capacité agrémentée”, la “capacité opérationnelle” et la “capacité actuelle”. Sans entrer dans les détails des chiffres, le résultat de l’audit disant qu’il y aurait encore 333 places disponibles dans les foyers scolaires alors qu’il existe d’importantes listes d’attente, est pour le moins étonnant. Il est étonnant aussi que l’audit déclare que “certains projets risquent de dépasser largement les besoins réels”, que “le PPA contient beaucoup d’imprécisions”, et qu’”une mise à jour de ce document est URGENTE pour en connaître le niveau d’exécution”.

Les conclusions de l’audit doivent être discutées et vérifiées. Il est probable que le collège échevinal s’en serve dans le cadre de la campagne électorale pour enjoliver la situation au niveau des infrastructures scolaires, parascolaires et sportives.

Quant au plan pluriannuel (PPA), nous avons quelques remarques à faire:

(-) Nous voudrions d’abord saluer que la maison des jeunes de Gasperich apparaisse maintenant dans ce plan, comme cela a été décidé par le vote de notre motion à ce sujet lors de la réunion précédente du conseil communal. Ce projet figure néanmoins parmi ceux qui manquent de date, comme c’est le cas notamment pour le foyer scolaire de Dommeldange, signalé pourtant par l’audit au niveau des “capacités quasi inexistantes”.

(-) Ce qui est moins plaisant, c’est que le rapport de la commission scolaire note que l’emplacement de la “Bëschspillschoul” serait rediscuté. Espérons qu’il ne s’agira pas d’une histoire sans fin!

(-) Quant à la planification, elle nous semble une nouvelle fois très serrée, compte tenu d’une part du taux de croissance de la Ville et d’autre part du nombre d’années qui s’écoulent jusqu’à la réalisation concrète d’un projet. L’école centrale de Clausen est un exemple-type: elle sera déjà trop petite quand elle ouvrira enfin ses portes cette année.

(-) À cet égard, nous avons des doutes sérieux que l’école de Cessange corresponde aux besoins de ce quartier en expansion rapide.

(-) Le rapport de la commission scolaire note qu’il y lieu de constater le grand nombre de projets communs écoles/foyers scolaires surtout au niveau du cycle 1, ceci permettant une optimisation de l’utilisation des infrastructures ainsi qu’un rapprochement écoles/foyers scolaires. Il faut néanmoins éviter absolument que les enfants du précoce restent dans leur salle de classe pendant toute la journée, donc aussi pendant leur temps passé en foyer. Ceci a été par ailleurs un vœu unanime des membres de la commission. Le ministre de l’Éducation nationale est du même avis, puisque les objectifs de l’école et du foyer scolaire divergent et qu’il ne faut pas accumuler trop de matériel scolaire dans une salle.

(-) Je voudrais signaler que les enseignants et les représentants des parents des écoles du Cents ont adressé une lettre commune dans ce sens au service scolaire de la Ville.

(-) Dans d’autres écoles qui font l’objet du PPA, ce problème se pose aussi. C’est le cas pour l’école de Beggen, l’école rue Henri VII au Limpertsberg et l’école Anne Beffort au Kirchberg. Par ailleurs pour cette dernière école, la situation devient de plus en plus intenable: La salle rythmique a été séparée en deux par une paroi provisoire pour y faire fonctionner deux classes, mais on entend chaque mot qui se dit de l’autre côté de la paroi. Le cours d’accueil se fait dans la bibliothèque et il n’y a plus d’endroit où se mettre dans le cas d’une consultation urgente. La cour de récréation n’est pas clôturée ce qui pose un problème de surveillance surtout actuellement avec la présence d’un enfant autiste qui a tendance à s’enfuir. Un jeu d’escalade a été enlevé après un accident et depuis aucun autre jeu n’a été remis en place, malgré de nombreuses demandes. Il faut se demander pourquoi aucune urgence n’est indiquée pour ce projet sur le document du plan pluriannuel.

(-) L’école Gare dans la rue du Commerce a mis à disposition du foyer scolaire deux salles afin de résorber la liste d’attente et de pouvoir accueillir un groupe d’enfants du précoce. Ceci afin d’éviter à ces enfants des trajets aller-retour Luxembourg-Strassen de leur crèche actuelle à midi et après les cours. Cette crèche ne dispose en effet pas de places suffisantes dans le quartier de la Gare. Il devient cependant évident qu’à la longue le site du précoce deviendra trop petit pour accueillir les classes et les séjours en même temps, surtout si l’on sait que l’offre du foyer scolaire pour les enfants du précoce a tendance à faire augmenter les inscriptions au précoce au lieu de crèches privées.

Finalement, compte tenu des conclusions de cet audit et du PPA qu’on nous présente, je dois dire que nous craignons pour la qualité scolaire future et nous nous demandons si le collège échevinal ne spécule pas sur une continuation de la diminution du pourcentage des enfants fréquentant les écoles publiques de la Ville, qui n’est déjà plus que de 54 % aujourd’hui. Si nous voulons renforcer l’école publique, il faut mettre à disposition du personnel et des infrastructures suffisantes.

Nous avons l’impression que nous nous en écartons de plus en plus.

Guy Foetz
Conseil communal du 13 mars 2017