déi Lénk Stad déplore vivement la fermeture d’une des dernières librairies généralistes indépendantes à Luxembourg-Ville. Due à l’explosion des loyers et à la concurrence déloyale des multinationales, elle est également le résultat du manque de soutien de l’actuel Conseil échevinal à l’égard des petits commerces de proximité, et de son indifférence par rapport à la culture du livre.
Loin d’être une fatalité, la disparition progressive de notre capitale, des librairies indépendantes et des autres petits commerces de proximité, qui constituent pourtant des lieux de culture indispensables et un facteur d’attractivité non négligeable pour la Ville de Luxembourg, est le résultat de choix politiques qu’il faut remettre en question.
Un de ces choix est l’attitude passive de la majorité échevinale actuelle à l’égard de l’évolution des prix des loyers. Cela vaut aussi bien pour les baux à loyer civils, où l’absence d’un parc d’envergure de logements publics laisse le champ libre aux promoteurs privés pour augmenter les loyers, que pour les baux commerciaux, dont l’envol laisse sans perspectives un nombre croissant de petits commerces. Ainsi, lors des réunions de dialogue en relation avec le nouveau plan d’aménagement général (PAG) de la Ville, la bourgmestre a maintes fois répondu aux habitants qui exprimaient le désir de maintenir des commerces de proximité dans leur quartier, que cela n’était pas du ressort du collège échevinal, mais que « le marché » devait en décider.
Un autre choix est celui d’accepter sans broncher ou même de promouvoir la multiplication des grandes enseignes internationales qui, outre leur taille, bénéficient de mesures d’« optimisation fiscale » dont ne peuvent que rêver les commerçants indépendants. De ce fait, la majorité DP-Déi Gréng contribue à soumettre ces derniers à une forme de concurrence déloyale. Le projet « Royal Hamilius » en constitue un exemple flagrant : construit sur des terrains publics, il allie multinationales et appartements de luxe, et ne prévoit pas un minimum de commerces indépendants et de logements sociaux. La construction d’un énième hypermarché dans le Ban de Gasperich confirme cette tendance.
Un dernier choix politique de la majorité actuelle est son manque de soutien à la culture du livre, dont les bibliothèques publiques et les librairies indépendantes sont sans conteste les meilleurs défenseurs. Ainsi, une ville comme Paris dispose non seulement d’innombrables bibliothèques de quartier. Elle soutient également ouvertement les librairies indépendantes, en mettant à leur disposition des locaux et en les soutenant dans la création d’une plate-forme numérique leur permettant de résister aux grandes multinationales. À l’opposé, la Ville de Luxembourg, qui pourtant crée des installations sportives et appuie les écoles de musique dans ses quartiers, ne dispose que d’une seule bibliothèque municipale et a assisté jusqu’à présent, impassible, au naufrage de ses librairies indépendantes.
Il est temps de remettre en question ces choix : la Ville doit redéfinir, notamment via le nouveau PAG, sa politique à l’égard des petits commerces indépendants, en particulier dans le domaine culturel. Le cas échéant, en mettant à leur disposition, à des prix abordables, des surfaces locatives dont elle est propriétaire.
Communiqué le 12 mai 2017 par déi Lénk Stad