Soyons confiants : le respect est contagieux
Notre commune se compose d’une multitude de citoyens, qui doivent être accueillis en respectant leurs différences et spécificités, afin que toute la communauté puisse fonctionner et se développer de manière optimale.
Malheureusement, certains partis politiques à Pétange instrumentalisent ces différences afin de diviser les citoyens et de les dresser les uns contre les autres. Jadis, l’ADR dressait les salariés du secteur privé contre ceux du secteur public. Aujourd’hui ce même parti appâte les Luxembourgeois en leur faisant miroiter une politique de préférence nationale basée sur des privilèges qui leur seraient naturellement dus. D’autres politiciens conservateurs invoquent les racines judéo-chrétiennes de nos sociétés européennes pour stigmatiser les musulmans. Selon eux, ceux-ci auraient des traditions incompatibles aux nôtres et ne pourraient donc pas s’intégrer adéquatement dans notre société. En réalité, ces politiciens exploitent habilement des peurs qui sont ancrées profondément dans nos sociétés et qui sont fortifiées par les crises économiques, écologiques, sociales et politiques. Alors qu’une tout autre approche politique devrait s’imposer : les multiples crises contemporaines ne peuvent être surmontées que si elles sont affrontées par un effort collectif de tous les citoyens. Il faut se rendre compte que, dans ce contexte, toute politique de division est contre-productive et nuisible.
Nous sommes conscients des différences multiples qui existent entre les gens. Elles peuvent être profondes. Malheureusement, elles sont aujourd’hui instrumentalisées à des fins très douteuses.
Les différences objectives entre hommes et femmes ne sauraient justifier le fait que les rémunérations des femmes sont de 15% inférieures à celles des hommes. Cet exemple nous dévoile le mécanisme pervers qui consiste à cataloguer les gens afin de mieux pouvoir les exploiter. Une politique correcte consisterait à analyser les discriminations et injustices dont sont victimes les femmes pour mieux les combattre. Il va sans dire que dans ce domaine un rôle important revient aux communes. Ainsi, afin de limiter drastiquement le nombre d’agression commises contre des femmes, les communes devraient accroître la présence policière, prévoir des places de stationnement sécurisées pour conductrices, mettre en place des services communaux qui puissent prendre en charge les divers problèmes d’insécurité rencontrés par les femmes au quotidien. Et ainsi de suite…
Soyons pragmatiques et conséquents ! Nommons les différences et dénonçons les injustices qui les accompagnent. Pour mieux trouver des solutions adéquates.
1) Problèmes de communication liés aux langues
Oui, la communication entre tous les citoyens dans notre commune, venant d’horizons très divers, est parfois difficile. Alors, faisons des efforts pour remédier à ces difficultés ! L’organisation de multiples cours de langues s’impose, surtout pour enseigner le luxembourgeois, qui est notre langue véhiculaire. Il existe cependant une précondition : nos concitoyens doivent disposer du temps nécessaire pour fréquenter les cours. Il appartient aux communes d’organiser ces cours et aux patrons d’accorder à leurs salariés le temps libre nécessaire pour les suivre.
Qu’en est-il des enfants luxembourgeois ? Ne faudrait-il pas favoriser l’oral à l’école au lieu de surmener les écoliers avec des détails de grammaire ? S’il est vrai que les enseignants de français doivent maîtriser les règles de grammaire, il est néanmoins tout aussi vrai que l’importance de ces dernières diminue dans nos communications quotidiennes avec nos voisins ou la vendeuse, à qui nous nous adressons dans la boulangerie. À titre d’exemple, considérons les enfants dans la cours de récréation : plus de 50% des écoliers ne parlent pas la langue luxembourgeoise à domicile, mais ils savent le pratiquer d’une manière drôlement inventive en jouant ensemble.
2) Problèmes de mobilité
Les problèmes de mobilité dans notre commune sont multiples. Aux heures de pointe, personne n’est épargné par les désagréments causés par les embouteillages. Les multiples bouchons sont sources de complaintes régulières, tout à fait à raison d’ailleurs !
Cependant, nos amis à mobilité réduite éprouvent des difficultés encore plus grandes pour rentrer et circuler dans la commune. À ceux qui sont le plus défavorisés, on impose de grands détours pour accéder à leurs services. Ne faudrait-il pas répertorier et éliminer progressivement toutes les barrières qui empêchent ces personnes de participer pleinement à tous les événements dont ils ont envie ? Dans le même ordre d’idées, ne faudrait-il pas également rendre obligatoire que tous les projets de logement disposent d’un minimum d’habitations accessibles aux chaises roulantes ? Le « vivre ensemble » doit être un droit généralisé ; créons donc les conditions de sa mise en pratique.
D’autres catégories de personnes défavorisées au niveau de leur mobilité sont les mineurs et les personnes qui ne disposent pas de voiture. Eux aussi aimeraient faire aisément leurs courses et participer à des manifestations culturelles et sportives. Cependant, ils en sont empêchés par le manque de pistes cyclables sécurisées, de commerces de proximité ou encore de bus intercommunaux.
Il est dans le pouvoir de la commune de favoriser le vivre ensemble ; imaginons donc les meilleures solutions et donnons-nous la volonté politique pour les réaliser !
3) Problèmes entre les générations
Les jeunes font du bruit jusque tard dans la nuit. Les bébés sont mignons, mais ils crient à tue-tête. Les vieux sont tellement lents et ils n’ont aucun humour. Les jeunes conducteurs conduisent comme des dingues. Les adolescents ne saluent plus les personnes plus âgées. On ne peut pas nier l’existence de problèmes réels entre générations. Mais il est du devoir des communes de contribuer à les atténuer en trouvant des solutions pratiques. Ainsi, les communes pourraient entretenir et sécuriser les lieux de rencontre informels des jeunes. Certains lieux pourraient être planifiés et équipés de telle sorte que le bruit généré par les jeunes ou les enfants ne dérange plus les résidents, qui revendiquent à droit de pouvoir bénéficier de calme. Les services techniques communaux devraient aménager ces lieux afin de concilier les besoins de tous ; en chasser les jeunes n’est pas une solution !
Les clubs sportifs sont les meilleurs exemples pour démontrer qu’une cohabitation entre générations est possible pour le bénéfice de tous. Donc exigeons que la commune mette tous les concernés autour d’une même table pour trouver des solutions concrètes aux problèmes concrets. S’il est vrai que la commune devrait s’abstenir de tout vouloir réglementer, alors que souvent elle n’est pas capable de trouver à elle seule les meilleures solutions pour garantir le « vivre ensemble », elle devrait néanmoins jouer un rôle essentiel en servant d’intermédiaire entre toutes les parties concernées.
4) Problèmes liés à la solitude
La solitude est devenue un fléau dans nos sociétés individualistes. Les acteurs publics ne devraient pas se dégager de leur responsabilité en ce domaine. L’aménagement des espaces publics, l’offre culturelle et sportive, les rencontres informelles devraient être planifiés de telle sorte que la participation de tous devienne possible et ceci dans un cadre non commercial. Par ailleurs, la commune devrait jouer un rôle moteur dans la promotion et la mise en pratique du « vivre ensemble », en faisant participer autant que possible les citoyens dans l’élaboration de ses projets. Nous ne nions pas qu’une telle approche puisse engendrer des difficultés. Mais la meilleure manière de les surmonter est la recherche constante de l’intérêt général.
5) Problèmes de la viande halal
Lors des récentes élections en France, le Front national avait révélé le « scandale de la viande halal » servie aux enfants des cantines scolaires de la région parisienne. La presse à sensation en était friande ; les extrémistes de tout bord s’insurgeaient. Pendant des semaines, le sujet était discuté autour des tables de bistrot, bien qu’on ait constaté entretemps que le commerce avec la viande halal était marginal. D’ailleurs, l’école laïque a très bien réussi à gérer la problématique : un plat de substitution y est servi depuis des décennies. Après la déconvenue électorale du FN, la viande halal a disparu aussi bien des cantines imaginaires que des médias. Mais il semblerait que cette rumeur refasse surface au Luxembourg avec l’effet pervers de stigmatiser nos concitoyens musulmans. Et cela à un moment ou la lutte contre la pauvreté croissante et contre la crise climatique exige la contribution de tous et le dépassement de divisions inutiles.
Faisons donc en sorte que la problématique de la viande halal reste confinée aux abattoirs et que les rumeurs nauséabondes répandues par le FN ne traversent pas la Chiers !